Le football ivoirien est en mode transition. Et c’est mieux ainsi. Car, le mal était trop profond.
Fragilisé par presqu’une décennie de crise aigüe, depuis l’avènement au pouvoir du défunt président, Augustin Sidy Diallo en septembre 2011, balloté au gré des intérêts des uns et des autres, le football ivoirien était rongé par un mal pernicieux qui le consumait à petit feu. Et si les principaux acteurs ne cessaient de se regarder en chiens de faïence, une rupture de confiance s’était également installée entre la population et sa Fédération. Autant dire que tous les ingrédients étaient réunis, du moins tous les symptômes étaient là, et même visibles sans microscope, pour que la FIFA viennent y fourrer son nez.
Pour y mettre de l’ordre. En lui préparant une thérapie de choc. Et en lui administrant un remède de cheval pour le remettre sur pied. Le requinquer pour un nouveau départ. En somme, il fallait bien faire quelque chose pour sauver notre sport-roi de la catastrophe. Il fallait user de la méthode musclée pour le remettre d’aplomb. Et pour remettre à plat tout un système de gouvernance, gangréné par la concussion, la compromission, la gabegie et l’opacité. En un mot la mauvaise gouvernance. Et ce avec la complicité de certains membres actifs qui avaient fini par transformer les AG de la FIF en foire de célébration de la gabegie.
En tribune d’applaudissements de la mauvaise gouvernance. Et en salle de distribution de quitus à tout vent. Bref, les clubs ivoiriens avaient tout simplement choisi d’accorder une prime aux multiples scandales financiers. Lesquels ont jalonné le parcours de l’ex-Comité Exécutif qui, dès son arrivée à la tête du football ivoirien, s’était inscrit dans une gestion solitaire, opaque et autocratique du pouvoir. Dès lors, l’irruption de la FIFA dans le marigot ivoirien était plus que jamais nécessaire pour guérir le patient ivoirien. Mais qu’on ne s’y méprenne pas. Plus qu’un simple camouflet infligé au football ivoirien, cette mise sous tutelle est une vraie sanction pour les ex-dirigeants fédéraux. Car, nulle part au monde, on a vu la FIFA mettre sous tutelle un football bien géré. Voilà pourquoi, il est inadmissible, voire inconcevable, qu’au lieu de faire profil bas, de raser les murs ou de se taire à jamais, ces fossoyeurs du football ivoirien, champions de la mauvaise gouvernance, veuillent s’ériger en donneur de leçon. En faisant le procès de la Normalisation.
Mais tôt ou tard, ils auront des comptes à rendre à la famille du football ivoirien. Le temps viendra où ils diront quelle utilisation ils ont faite de toutes ces sommes engrangées par le football ivoirien. L’argent du Mondial 2014. Celui de la parafiscalité à hauteur de 50 pour cent que l’Etat leur reverse à la FIF chaque année. Car, c’est plus d’un milliard de Francs CFA que la FIF encaisse par an. Le moment arrivera également où elle aura à s’expliquer sur les 600 millions qu’elle aurait payé à la Présidence chaque année, dit-on. Soit 50 millions par mois. Et ce, pour honorer certains engagements dont les salaires des cadres techniques des sélections. Et avec ça, elle n’a même pas pu payer les fonds COVID à ses clubs. De même qu’elle a encaissé 10 à 30 millions sur les 150 millions de F Cfa que la CAF a accordés aux associations nationales en guise de contribution aux fonds COVID.
Au regard de toutes ces anomalies financières, de toute cette opacité, il serait totalement incompréhensible, ubuesque et même scandaleux que ce CN-FIF ne s’installe sans même réclamer un audit. Car, au-delà de son cahier des charges qui consiste à expédier les affaires courantes, nettoyer partiellement les textes et la tenue d’une AG Elective, il serait souhaitable qu’il fasse rapidement l’état des lieux. Il s’agit d’un acte de bonne gouvernance. Etant issue des arcanes de la haute finance, Me Dao Gabala ne peut pas ne pas recourir à cet outil de gestion. Et puis, après tout, le football ivoirien serait curieux de savoir comment ses ressources ont été utilisées.
D’autant plus que selon certaines sources, la FIF serait endettée jusqu’au cou. D’autres avancent même le chiffre de 6 milliards. Si tel était le cas, c’est qu’elle est en faillite. Et il faudra bien que quelqu’un efface cette ardoise. Mais, ce n’est pas au prochain Comité Exécutif d’éponger cette dette. Mais bien à ceux qui ont dilapidé ces fonds. C’est-à-dire à l’ex-staff dirigeant. Ailleurs, on parlerait d’une suspension à vie. Pour tout dire, la FIFA a donné le ton. Elle a usé d’un remède de cheval pour soulager le foot ivoirien du mal dont il souffre depuis longtemps. Une transition a été installée pour remettre les compteurs à zéro. Pour nettoyer les écuries d’Augias afin de donner un bol d’air frais et pur au sport-roi ivoirien. Peu importent les cris d’orfraie entendus çà et là.
Tant pis pour les jérémiades des réfracteurs au changement.
Au diable les oiseaux de mauvais augure. Le foot ivoirien, lui, avance. C’est l’essentiel.